Ensembles, les cons sont partout, universels et intemporels. Pris à l’unité, ils ne sont rien. Je suis un seul con, limité dans le temps et l’espace, mais revendique ma place, bien plus haut placée que méritée. Les cons sont ainsi, ils osent tout, c’est même à ça – selon le grand théoricien des cons – qu’on les reconnaît. Être con est à la portée de n’importe qui, c’est pour ça que nous sommes autant.
Avec logique et sans surprise, des parents cons engendrent des petits cons qui deviendront grands, des grands cons qui se coupleront, et feront des petits encore plus cons, et ainsi de suite, jusqu’à l’extinction des cons, inévitable et prévisible, avec la disparition des humains, ces animaux cons, bêtes et méchants.
Les cons sont partout, du haut en bas de l’échelle, au milieu et à tous les barreaux. Les cons sont beaucoup et aiment se grouper, dans des partis, des assemblées ordinaires, générales, extraordinaires et même plus encore, des syndicats, des foules, des écoles de pensée, des courants politiques, des stades en fusion, des manifestations de masse, n’importe quoi, pourvu qu’ils soient nombreux, entassés, serrés, à gueuler, brailler, éructer et vomir toutes leurs conneries de cons, et ce depuis toujours et pour l’éternité.
Le dieu des cons est unique, mais il porte des noms différents, selon la tribu des cons, et avance masqué pour abuser les cons, qui s’entre-tuent alors entre cons, bien qu’ils adorent le même dieu, car le dieu des cons est unique.
Les voies du très con sont impénétrables, quel qu’il soit, quel que soit Son Nom, que vénèrent tous les cons de la terre et du ciel. Le con n’entrave rien mais sait tout, sa connerie omnisciente écrase tous les savoirs connus et inconnus avec tout le poids de la crasse immense et molle de son néant de con.
Chaque con est multiple, simultanément prévisible et imprévisible dans sa connerie, c’est le mystère du con. La connerie sourde, toujours tapie, à l’affût, en embuscade, pour frapper, comme l’éclair dans la nuit sombre et le ciel noir et con comme la lune, là où les autres cons ne l’attendent pas. La connerie des cons est invincible.
Le con est beau, beau et con à la fois, le rêve ultime, enfin réalisé, nous nous multiplions à l’infini, sans soucis ni projets, nous ne comprenons plus rien, rien ne nous atteint, devenus insensibles aux arts, à la logique, à la pratique, au sens même de la vie.
Le monde entier enconnarde tous les cons de la terre, en un cercle con, comme le serpent mange sa queue, comme un con et dans la queue le venin, la connerie des cons tend alors vers la perfection.
Nous les cons, devenus forme ultime de la vie, allons disparaître, comme tant d’espèces, au stade terminal de notre évolution, pour faire place à la connerie d’après. Les cons sont morts, vivent les cons. Plutôt con que mort n’est plus un choix, l’extinction est là mais toujours les cons vaincront.
