BIO
Présentation
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Mon nom est Six, Numéro et j’écris sur l’Île.
Un numéro pour nom et Numéro pour prénom.
Certains ont aimé Le Prisonnier. Le monde était-il leur Village ? Avaient-ils l’aversion de la servitude ? Croyaient-ils à l’obligation d’être libres ? Quels pouvaient être leurs rêves ?
Qu’importe. Nous sommes tous des numéros, entourés de numéros dans un univers de numéros. Jusqu’aux étoiles.
Zarnawak est une perte de temps. Ne le lisez pas.
Cet endroit est la terre des numéros. Les maîtres ont la religion des numéros. Ils nous identifient mieux que notre patronyme. Leur addition nous caractérise avec précision. Une acuité dont nous n’avons pas conscience. Numéro d’insécurité sociale, de téléphone policier, de carte d’identité empreintée, de compte en banque en monnaie de singe, de plaque d’immatriculation radarisée, d’assurance pour tout, de facture pour rien, le nombre des numéros est infini.
Il y a des bons numéros, des mauvais numéros mais pas de numéros moyens. Les numéros sont binaires, un et zéro mais jamais décimaux. Les numéros s’économisent mais ne se divisent. Ils peuvent être grands ou petits mais jamais dans l’entre deux.
Je sais compter jusqu’à six. Il reste quelques chiffres à suivre, qu’il faut ensuite grouper pour faire des nombres. Là je bloque. C’est trop compliqué. Alors la machine compte. Elle empile les six les uns après les autres pour moi.
Vous n’êtes pas dupes mais continuez à lire. C’est indolore et ne coûte rien. Ce site respire sur un serveur nourri à l’énergie nucléaire. Vous le regardez sur un appareil imaginé par un zoo d’adultes virtuels et cultivés. Il est fait de vraies terres rares, de valeureux pétrole, de silicium dopé aux radiations, de sueur de jeunes adultes illettrés ou de vrais enfants éphémères. Qu’importe, ils seront morts bien avant nous. Tout sera mort avant. Nous sommes immortels.
Un jour Sog m’a dit que j’écrirais. Alors il a fallu essayer. Pourquoi pas ? Et pourquoi pas. Pour dire quoi ? N’importe quoi. Pour changer quoi ? Rien. Alors pourquoi ? Pour voyager ? Non. Explorer les temps, des points de vue et autres petits abîmes de rien ? Peut-être. Pour lire un livre qui me plairait ? C’est un point. Plus que tout, à l’évidence, à défaut d’apprendre à compter, tenter d’apprendre à écrire.
Ça est mystérieux et, une fois achevé, ça n’est ni fait ni à faire. Il faut le reprendre, le retourner, le malaxer, le pétrir et recommencer à l’infini autant de voyages que nécessaire, qui de fait n’est jamais achevé. Puis apprendre à s’arrêter et passer au palier d’après.
Quand on a plus faim, on devient idiot. Ce pays est empli de rassasiés. Pourtant on y meurt dans la rue deux fois par jour. Devant la foule au ventre crevé de malbouffe, assommée d’injonctions écologiques, connectée au cerveau du cul d’un bouc, le petit manitou du moment pérore et admoneste.
Cinq fruits et légumes par jour, pour votre sécurité recevez une instruction limitée, pour les interdits qui vous tuent, vous serez médicamenté et pour les effets secondaires, vous serez encore médicamenté. Vous serez pris en charge tout au long de votre courte vie. Pour les autres, ceux qui tenteront de fuir, il subsistera pour un temps quelques lieux sur terre où trouver sa faim et s’en nourrir.
En attendant, la prochaine étape sera de les connecter dès leur naissance. Avec ça, plus de problème. Ils arrêteront de nous réveiller la nuit. Plus besoin de les surveiller ni de les emmener à l’école. Ils pousseront à la maison. Puis, pour calmer leurs ardeur, leur vraie vie sera une geste de gameplays, dégoulinants de pixels, colorés de sexe et de sang. La vraie vie sera dans leurs têtes.
Ça sera étrange mais intéressant. Ou pas. La question du choix ne se posera pas. La résistance sera vaincue. Avec force raison et argument. Il ne faut pas contrarier l’évolution. La pensée commune, indifférenciée, efficace et monothéiste. Au pas cadencé, en chantant à l’unisson.
Idiocratie sera idolâtrée. On oubliera même que l’ordre est fragile et le désordre puissant. L’authentique simplification est complexe mais le simplisme facile. Cachez ce truc bien trop compliqué. Cachez-le si bien qu’il deviendra invisible. Et un jour la rustine se vengera. Le vrai réel physique qui heurte la vraie peau de notre vrai corps d’eau et de carbone. Le vrai se rappellera à notre souvenir. Comme un vieil ami oublié et un peu aigri. Méchant le vrai ; tu n’as pas de morale. La nature non plus n’a pas de morale. Seule notre ignorance est immorale.
Certains se regarderaient le nombril. D’autres dérouleraient le Niagara de leur réussites, assis sur un Everest de lingots, leurs ventres plats comme l’Île et le poil plus brillant que le soleil, entourés d’une faune de créatures et d’esclaves.
D’autres étaleraient la magnificence de leur déchéance, l’esthétique de leur dégradation, la complaisance ou l’indifférence envers leurs gloires.
Vous échapperez à tout ça. Je suis mort. Cet état conserve mal l’égo. Je suis même mort plusieurs fois. Combien ? Je croyais quatre mais c’est cinq. Comme je m’appelle Six, la prochaine sera la dernière car, vous le savez désormais, je ne sais pas compter au delà.
Mais il y a plus important : naître. À la première loterie, nous avons tiré le bon numéro. Et gagné sur des millions d’autres numéros, voués aux limbes des enfants qui ne seront jamais. Ce n’est pas donné à tout le monde. C’est même exceptionnel. Ou tragique. De toute façon, on a pas eu le choix.
C’est le moment où je vous dois une nouvelle. Bonne ou mauvaise, c’est selon. Après Zarnawak, il y en aura d’autres. Plusieurs sont avancés mais traînent, d’autres déjà achevés sans un mot couché. Qu’importe. Il y a un plan.
Compter jusqu’à Six.
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ZARNAWAK RACHMAKA ORANGE 22
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Cruel tableau que les hérissons écrasés au bord des routes. Le plat commun dont se régalent les pies, corneilles et corbeaux. Ces bêtes charmantes, dont